LE YIDDISH | ![]() |
Si un jour le yiddish venait à disparaître, alors Hitler aura gagné, non seulement physiquement mais spirituellement. (Isaac Bashevis Singer)
C’était la langue
vernaculaire des juifs d’Europe centrale depuis le quinzième siècle. A la
différence de l’hébreu, langue sacrée, utilisée pour la prière et les
discussions à thème religieux, le yiddish servait à communiquer sur des sujets laïcs
et quotidiens. Il n'est donc pas surprenant qu'on ait utilisé cette langue pour des
comédies musicales, des pièces de théâtre, des films et dans de nombreuses chansons.
Nombre d'entre elles sont devenues de véritables standards: "Bay mir bistu
sheyn", "Dona Dona", etc.
Dérivé de l’allemand moyenâgeux (dont il a conservé une grande part de
vocabulaire) et emporté comme une langue autonome par les émigrants vers l'Europe de
l'Est, il a emprunté la syntaxe et de nombreux mots slaves et hébreux, voire araméens
ou persans et, plus récemment, des termes anglo-américains. Puisqu'il s'écrivait en
caractères hébraïques, donc sans voyelles, sa prononciation variait d'une région à
une autre.
C’est ce côté "vivant", cette plasticité de la langue yiddish qui lui
donne cette saveur, cette truculence, cette "khoutspe" (toupet) inimitables pour
exprimer avec tant de poésie la misère, l’exil, la mort, la résistance,
l’espoir et l’amour (Mordekhai Gebirtig, Hirsh Glik, etc.) ou, dans un autre registre
des blagues pleines d’autodérision et de philosophie (S. Landmann, etc.). L'humour
juif, traditionnellement pratiqué (en yiddish) depuis des générations lors des mariages
par le "badkhn ", une sorte d'animateur
comique, a inspiré de nombreux comiques contemporains comme Mickey Katz, Jerry Lewis, Danny Kaye et, plus récemment, Mel Brooks ou Woody Allen.
Les germanophones peuvent assez facilement comprendre le yiddish, à condition d’en "sentir" les déformations phonétiques les plus courantes. Ainsi:
Mais la compréhension des hébraïsmes et des slavismes demande une attention particulière...
Actuellement, c’est
dans les quartiers juifs des grandes villes américaines ou dans les communautés
orthodoxes d’Israël que le yiddish survit. Il n’est pas impossible qu’il
prenne un nouvel essor grâce aux jeunes intellectuels -des musiciens, entre autres-
curieux et fiers de retrouver leurs origines culturelles...
Dernière mise à jour: 21 décembre 2007